Par deux fois, elle claqua la porte de la Comédie-Française, elle partit plusieurs mois en tournée aux Etats-Unis, transforma le théâtre de l’Odéon en hôpital pendant la guerre, défendit Alfred Dreyfus, dormait dans un cercueil ou offrit à son fils Maurice un alligator. Ssigne que la monumentale Sarah Bernhardt inspire toujours, un film à son sujet de Guillaume Nicloux, avec Sandrine Kiberlain, sort au cinéma le 18 décembre. Une proposition sur laquelle “on se jette”, confie la comédienne qui l’incarne dans ce long métrage. “C’est l’occasion de jouer la démesure, la liberté, s’autoriser toutes les libertés puisqu’elle les avait toutes, sur scène et dans sa vie.”
Elle fait le portrait d’une “touche à tout, qui a sculpté, dessiné, eu une vie engagée politiquement et amoureusement, femme d’affaire”. Sarah Bernhardt disposait d’un phrasé et d’une diction très particulière, “un vibrato infini pour dire une phrase de Phèdre”, précise Sandrine Kiberlain, qui ne s’est pas inspirée des enregistrements existants avant le film mais les a écoutés après. “Ça m’a fait pleurer”, dit-elle. “Tout ce qu’on croit être nouveau et moderne aujourd’hui, elle le vivait déjà à la fin du XIXe siècle.”
Le Masque et la Plume Listen later
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Sandrine Kiberlain rappelle la défense du capitaine Dreyfus par Sarah Bernhardt. “Cette femme est méconnue des gens et il était temps de mettre à l’honneur pour sa liberté à tous les niveaux”, assure-t-elle, évoquant une rencontre avec Emile Zola pour le convaincre de prendre la défense du soldat. “Je me quitte pour jouer un personnage”, disait-elle. “C’est très beau, la plus belle phrase qu’on puisse dire pour les acteurs.”