La Saint-Nicolas, ça ne vous dit peut-être pas grand-chose si vous habitez dans le sud ou dans l’ouest de la France… Mais si vous êtes qui sont originaires de Lorraine, d’Alsace ou des Hauts-de-France, vous savez que la Saint Nicolas est bien plus qu’une simple tradition : c’est une véritable institution !
Le six décembre, dans ces régions, on célèbre « Saint Nicolas de Myre »… un évêque du IVe siècle dont la générosité et les miracles lui ont valu d’être considéré comme le protecteur des enfants. C’est un peu l’ancêtre de notre Père Noël moderne… et d’ailleurs à ses côtés, on retrouve le fameux Père Fouettard, figure sombre mais incontournable, chargé de rappeler les enfants à l’ordre et de leur inculquer une leçon de vertu…
Dans certaines villes, la Saint-Nicolas prend une dimension particulière. À Nancy par exemple, dès le début du mois de décembre, la métropole se transforme pour l’occasion : illuminations scintillantes, marchés de Noël, spectacles et parades investissent les rues.
Et ça s’explique très bien : dans la capitale de la Lorraine, Saint Nicolas n’est pas seulement une légende, c’est aussi le saint patron de la région.
Dans ces régions, on confectionnait des fameuses pâtisseries briochées dont les dénominations suscitaient parfois des débats aussi vifs que le fameux “pain au chocolat” versus “chocolatine” ?
Exactement. Un peu avant la Saint-Nicolas, et jusqu’à l’Épiphanie, début janvier, les boulangers fabriquent des brioches en forme de « petit bonhomme ». Et chaque année, les dénominations de ces viennoiseries déclenchent de véritables séismes sur les réseaux sociaux…
Dans l’est de la France notamment, on observe une véritable fracture linguistique entre les habitants du Haut-Rhin et leur “männala” et ceux du Bas-Rhin avec leurs “männele”. Un débat qui existe déjà en alsacien, où Männ- signifie “homme” et le suffixe
-le/-la permet de définir le caractère « réduit » de la figurine.
Ailleurs, il existe des dizaines d’autres variantes, selon que la viennoiserie dispose de bras ou non : jean-bonhomme en Haute-Saône, petit Saint-Nicolas en Lorraine, coquille dans le Nord, “coualé” ou “cugnole” dans les Vosges, etcetera. En fait chaque région a adapté le nom … selon son histoire et ses traditions.
Et à l’heure de l’uniformisation, est-ce que ces particularités linguistiques ont encore un avenir ?
En fait pendant des siècles, les langues ancestrales qu’on appelle encore parfois, de façon péjorative : patois ou dialectes – ont fidèlement reflété les différences entre les modes de penser et de vivre des habitants. Aujourd’hui, ces langues régionales ne sont presque plus transmises… mais les traditions et le folklore local n’ont pas disparu pour autant ! … Et contrairement à ce que l’on croit souvent, le français qu’on parle ici et là en garde les traces.
Chaque année, ces particularités refont surface, notamment chez les boulangers, et les réseaux sociaux ne manquent pas de nous rappeler qu’un même plaisir gourmand peut avoir mille noms. “Folart” à Dunkerque, “coquille” à Lille. Ces douceurs, qu’on dévore sans hésiter, illustrent à merveille une vérité : d’un bout à l’autre de la France, si l’on se comprend, on ne parle pas tout à fait la même langue.