The grandparents and parents of Michel Hazanavicius, of Lithuanian and Polish origin, survived the Holocaust. The French filmmaker The Artist however, has long avoided making a film on the Jewish genocide. He could not see himself, he confided in an interview, “showing extras pretending to be a convoy of deportees”.
Posted at 7:15 a.m.
How do you do justice to the horror without feeling like you’re exploiting or watering it down? How can we approach this painful question, when the survivors have mostly disappeared and a monumental documentary, Shoahby Claude Lanzmann, recorded a quantity of their testimonies and fixed in form the very idea of the film on the Holocaust?
Michel Hazanavicius, who published a powerful text last summer in the daily The World on the trivialization of anti-Semitism and his own refusal to be reduced to his Jewish faith (in the context of the Israeli-Palestinian conflict), is not fond of fiction about the Shoah. He has never seen Life is beautifulby Roberto Benigni, and is not the biggest admirer of Schindler’s Listby Steven Spielberg, two films that “Hollywoodified” the Holocaust.
However, when the writer Jean-Claude Grumberg, an old friend of his parents whose father and grandfather were murdered in Auschwitz, suggested that he adapt his tale The most valuable commodity (published in 2019 by Seuil), Hazanavicius saw the possibility of approaching this subject subtly, by suggesting rather than showing the horror.
Il a aussi perçu dans l’histoire de cette enfant juive sauvée par un couple de bûcherons durant la Seconde Guerre mondiale l’occasion de lier l’intime à l’universel. « C’est vraiment l’histoire qui a fait que malgré mes réticences à me colleter à ce sujet-là, j’y suis allé », dit-il, à l’occasion d’une entrevue par visioconférence.
La plus précieuse des marchandises, qui prend l’affiche vendredi au Québec, a-t-il permis au cinéaste de 57 ans de rendre hommage à sa famille ?
Je ne sais pas si c’est rendre hommage ou plutôt nouer un fil et consolider un lien assez intime. Mais avec un bras vers le passé – mes grands-parents, ceux d’avant – et un autre bras vers le futur, parce que ce film s’adresse aux enfants. Je l’ai fait surtout pour mes enfants.
Michel Hazanavicius
La plus précieuse des marchandises, qui a été présenté en compétition au Festival de Cannes, est le premier film d’animation de Michel Hazanavicius, un ancien étudiant en arts qui n’avait jamais montré ses dessins qu’à son entourage immédiat.
« Jean-Claude savait que je dessinais et c’était important pour lui que le réalisateur dessine lui-même. Donc, il a effectivement proposé mon nom et le fait qu’il soit ami de mes parents a permis ça, parce que personne ne savait vraiment que je dessinais. »
Si le processus d’animation a été laborieux – plus de deux ans de travail –, Hazanavicius, dont les dessins ont inspiré la majorité des personnages, estime que l’animation permet d’une certaine manière plus de liberté. « On ne reconstitue pas la réalité, on la réinvente, beaucoup plus que dans un film de prises de vue réelles », précise-t-il.
Aussi, ce sujet qu’il éludait se prêtait sans doute mieux, à ses yeux, au film d’animation. « Dans l’animation, il n’y a pas de hors-champ. Il n’y a rien d’autre que ce qui est dans l’image. Le reste n’existe pas. Donc, de manière un peu paradoxale, les dessins sont plus près de la vérité, dans le sens qu’ils ne mentent pas. »
Les gens qui sortaient des camps de concentration pesaient parfois 27 kilos. Il n’y a pas d’acteur qui peut faire ça. Et quand même bien un acteur se mettrait dans cet état, on ne verrait que ça, que la performance de l’acteur, ce qui serait insupportable.
Michel Hazanavicius
Hommage aux Justes
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des citoyens « ordinaires » ont permis de sauver des centaines de milliers de juifs. On les a surnommés les Justes. C’est à eux que le récit de Jean-Claude Grumberg, 85 ans, rend hommage.
« Soudain, il y avait une histoire qui ne parlait ni des victimes ni des bourreaux, mais des Justes, dit le cinéaste. Les Justes sont ceux qui ont quand même sauvé l’honneur de l’humanité. C’est une histoire qui prend en compte l’horreur qu’est le génocide juif. On a rarement été aussi loin dans l’abjection. Grumberg s’est débrouillé pour en faire une histoire qui a une pulsion de vie. »
Le bûcheron qui est au cœur du récit coscénarisé par Grumberg et Hazanavicius « va à rebours de ce que l’époque lui dicte », en particulier un discours antisémite auquel il n’est pas imperméable. Il découvre le libre arbitre. « C’est ce que raconte cette histoire : on est potentiellement des génocidaires, on est potentiellement des victimes, mais on est aussi potentiellement des Justes. C’est en ce sens-là que je trouve que c’est un film qui est réconfortant d’une certaine manière. »
C’est le regretté Jean-Louis Trintignant qui prête sa voix réconfortante à la narration de ce conte émouvant. « Dès qu’on a fini d’écrire, j’ai tout de suite envoyé le texte à Jean-Louis Trintignant, qui a pour moi la plus belle voix du cinéma français. Je trouvais naturel que ce soit une voix de vieil homme qui raconte ce texte, écrit par un vieil homme et qui s’adresse aux enfants. Il y a quelque chose qui est de l’ordre du testament moral quand il délivre ça. »
Trintignant, qui était déjà aveugle à l’époque et qui a appris le texte par cœur grâce au concours de son épouse Marianne, est mort en 2022 avant que le film ne soit achevé. « Quand je montrais le film et que les gens entendaient sa voix, c’était comme si un fantôme entrait dans la salle de cinéma. Et comme le film raconte aussi l’histoire d’un survivant des camps qui à la sortie avait l’air d’un fantôme, il y avait là quelque chose de troublant et de très touchant. »
Le cinéaste de OSS 117, Le Caire, nid d’espions, Le Redoutable et Coupez ! change constamment de genre et de registre : du film muet au film biographique au film d’animation, en passant par le pastiche de film d’espion ou de film de série Z. Il lui faudrait en revanche « une histoire en or massif », admet-il, pour qu’il replonge dans le cinéma d’animation.
« Je suis mes envies du moment. J’ai cette chance inouïe. J’arrive toujours à trouver des gens pour accepter de m’accompagner et qui se disent : Bon, O.K., essayons ! Je profite d’avoir cette chance. Pourvu que ça dure. J’ai gagné ma liberté. On ne me l’a pas donnée. Ça n’a pas toujours été simple. »
Il a aussi gagné sa liberté en refusant de suivre le chemin que certains avaient tracé pour lui. Après The Artist, lauréat de cinq Oscars, dont ceux du meilleur film et de la meilleure réalisation, Hazanavicius aurait pu céder à l’appel des sirènes hollywoodiennes.
« Il y a peut-être là un petit trouble de l’opposition ou un esprit de contradiction, ça c’est sûr ! dit-il en riant. Mais comme dit ma femme [la comédienne Berénice Bejo]a career is built a lot on no. Because you are offered many things and it is by saying no that you also find your way. If you say yes to everything, you do what others want. »
He ended up making the film on the Shoah that some expected of him, in his own way.
In theaters December 20