Depuis la mi-décembre, la SNCF et la Deutsche Bahn, la compagnie ferroviaire nationale allemande, proposent un aller-retour quotidien entre les capitales française et allemande. Une ligne qui peut paraître modeste…
Un trajet utile mais toujours trop long
Il existe aujourd’hui un seul aller-retour par jour entre Paris et Berlin. Mais, cet aller-retour crée un lien concret entre les capitales des deux pays les plus peuplées de l’Union européenne.
Ce train comme – vous pouvez le voir sur la carte – passe par Strasbourg, traverse la frontière et s’arrête à Karlsruhe, Francfort et Berlin côté allemand.
Aucune nouvelle infrastructure à grande vitesse n’a été construite pour l’occasion et… c’est là que le bât blesse, le trajet reste encore trop long : un peu plus de huit heures.
Pourtant, il faut avoir à l’esprit que la demande ferroviaire à travers l’Europe de l’ouest ne cesse de croître.
Si vous regardez notre carte, vous pouvez voir que les lignes à grande vitesse, ne cessent de se développer en Europe de l’ouest justement.**** En quarante ans, les Etats se sont équipés de près de 11 000 km de lignes à plus de 250 kilomètres-heure.
Une demande qui continue de croître
Même avec plus de 4 heures de trajet, les gens acceptent de se tourner vers le train, plutôt que vers l’avion. C’est ce que nous constatons dès qu’une ligne transeuropéenne ouvre : la demande est immédiate.
Le dernier exemple en date est la ligne Paris-Milan et ses 6 heures de trajet. Le Journal Le Monde a interviewé Alain Krakovitch, le directeur de l’activité TGV et Intercités à la SNCF qui nous a confié : « Nous ne nous attendions pas à ce que, sur des trajets de plus de quatre heures, la demande soit aussi forte”.
Et d’ailleurs, la SNCF, toujours avec la Deutsche Bahn, est en train de passer d’un aller-retour par jour entre Paris et Munich à cinq allers-retours quotidiens alors que ce trajet prend pourtant presque six heures.
La“soif du train” : un phénomène très européen ?
Lorsqu’on interroge Gaku Kawabe, le vice-président d’Alstom, l’un des principaux fabricants mondiaux de TGV**,** il nous confirme que cette envie de train n’est pas seulement européenne mais qu’elle est mondiale. La demande pour leur gamme de trains à grande vitesse, Avelia Horizon, est tirée par une croissance moyenne du marché estimée à 6 % par an.
Pour la SNCF trois facteurs explique cette demande:
- D’abord, le besoin de bouger, qui a explosé après la pandémie de Covid-19 et qui demeure à un niveau élevé malgré l’inflation. Les ménages coupent moins dans les déplacements que dans les autres dépenses.
- Ensuite, le choix du train par opposition à l’avion se répand dans les entreprises de plus en plus soucieuses de leur bilan environnemental.
- Enfin, il y a aussi le télétravail à longue distance qui lui aussi ne cesse de se développer.
Des billets de train qui coûtent encore très chers
Si vous souhaitez prendre le train, je vous conseille de prendre vos billets en avance car es billets sont très chers si vous les prenez d’une semaine à l’autre. Mais si vous les prenez tôt et bien le premier prix affiché pour un aller-retour sur le nouveau Paris-Berlin tourne autour de 170 euros.
Ce qui n’est pas si élevé pour une telle distance mais toujours plus cher que les premiers prix des vols low cost.
L’avion a beau être polluant, il reste l’option privilégiée pour les voyageurs souhaitant faire des économies. Dans un rapport publié l’année dernière, l’organisation non gouvernementale Greenpeace dresse un constat sévère : voyager en avion est bien plus avantageux que le train. En France, un voyage en train coûte en moyenne 2,6 fois plus cher que le même trajet en avion.
Greenpeace avait alors étudié 112 liaisons européennes et pour 89 d’entre elles, le trajet coûtait plus cher en train.
Pourtant, des mesures ont été mises en place pour éviter de prendre l’avion, telle que l’interdiction des vols intérieurs courts en France.
L’idée était de supprimer les trajets en avion quand ils sont facilement remplaçables par un autre mode de transport ou plus précisément quand une alternative de moins de deux heures trente en train existait.
Mais dans les faits, seules trois liaisons ont été supprimées : Paris-Orly – Bordeaux, Paris-Orly – Lyon et Paris-Orly – Nantes.
Avec moins de 5 000 trajets annuels, ces vols ne représentent qu’une partie minime du trafic aérien intérieur de la France, qui en compte près de 200 000 chaque année.
Pour aller plus loin :
https://www.lemonde.fr/planete/video/2023/07/20/c-est-le-monde-a-l-envers-en-france-le-train-coute-2-6-fois-plus-cher-que-l-avion_6182784_3244.html
https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/12/14/le-tgv-paris-berlin-direct-symbole-de-l-appetit-des-europeens-pour-le-train_6447880_3234.html#:~:text=Transports-,Le%20TGV%20Paris%2DBerlin%20direct%2C%20symbole%20de%20l’app%C3%A9tit,en%20demande%20de%20transport%20d%C3%A9carbon%C3%A9