Premier volet. Boualem Sansal, l’écrivain franco-algérien, est emprisonné pour un motif complètement bidon : ses propos déplaisent à la dictature algérienne, et il est par ailleurs la victime collatérale de la mésentente entre la France et l’Algérie. On a pu entendre dire que ce n’était pas si grave que Sansal soit emprisonné parce qu’il était de droite ou d’extrême droite, ou bien encore que ce n’était “pas bien de l’emprisonner, mais…”. Alors non, la liberté d’expression, ça ne fonctionne pas comme cela : soit l’on est libre de ses propos, soit nous sommes aliénés. Pour le dire autrement, en dehors de la loi, il n’y a pas de “oui, mais” à la liberté d’expression.
Second volet. Maboula Soumahoro, maître de conférences à l’université de Tours, était invitée à prendre la parole au Parlement européen. Elle a été débranchée sous l’amicale pression de députés d’extrême droite siégeant au Parlement européen, parce qu’elle a été accusée de racisme anti-blanc. On a pu entendre dire que ce n’était pas si grave que Maboula Soumahoro soit empêchée de parler parce qu’elle était de gauche ou d’extrême gauche, ou bien encore que ce n’était “pas bien, mais…”. Alors non, la liberté d’expression, ça ne fonctionne pas comme ça.
Certes, dans un cas, un écrivain est emprisonné ; dans l’autre, une universitaire est seulement empêchée de parler. Mais dans les deux cas, la liberté d’expression est piétinée.
Sauf bien sûr, si Maboula Soumahoro avait été condamnée pour ses propos, ou si Boualem Sansal avait, je ne sais pas, volé le portefeuille du regretté Bouteflika, ils doivent être libres de dire ce qu’ils ont envie de dire. C’est même là un aveu de faiblesse, comme si la parole ou les écrits seuls de Sansal ou de Soumahoro étaient radioactifs et pouvaient contaminer le camp d’en face. Mais voilà : de plus en plus souvent, les régimes autoritaires ou les personnalités autoritaires confondent liberté d’expression et liberté de leur expression.