Je vous emmène à Angers dans le Maine-et-Loire. En mars dernier, un commerçant du centre-ville a reçu un recommandé de Mondial Relay, l’entreprise de livraison, lui indiquant que son point Relay allait fermer.
Depuis 2020, ce bar proposait de récupérer et de déposer des colis. Un service utile aux habitants, qui générait 400 € de revenus par mois au commerçant.
A la suite de ce courrier, Mondial Relay a confirmé à Ouest-France la fermeture de certains de ces points de collecte. 3 500 sur les 11 000 existants, dont 2 500 par la volonté des commerces “de mettre fin” à ce service, dit l’entreprise.
Exemple à Consenvoye, village de 300 habitants dans la Meuse où s’est rendue l’Agence France presse. Derrière la caisse de l’épicerie, les étagères qui accueillaient les paquets sont désormais vides. Et la décision est mal vécue autant par la gérante que par la population.
8 000 colis passaient par la boutique chaque année, générant autant de trafic et donc du chiffre d’affaires.
Désormais, les habitants doivent parcourir au moins 10 km pour déposer ou réceptionner leurs paquets. Une habitante regrette : “Si on doit se déplacer autant pour envoyer un colis à 1 €, on ne rentre même pas dans nos frais.”
Et quelle est la justification ?
Mondial relay évoque un “contexte d’évolution du marché de la livraison de colis et des habitudes des consommateurs”.
En première ligne : “les “lockers” (consignes en français), largement plébiscités par les consommateurs”, dit l’entreprise, qui est le leader du marché et en a 7 000 en France.
Ces grands armoires automatiques prolifèrent notamment sur les parkings des supermarchés ou près des lotissements. Elles sont constituées d’une trentaine de casiers de différentes tailles accessibles 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. On chronomètre même le temps mis à déposer un colis, souvent quelques secondes.
Mais on en trouve peu à la campagne, dont les habitants vont pâtir de cette “tendance” du marché.
Et ces casiers sont de plus en plus nombreux ?
Rien qu’en 2024, 2 000 ont ouvert en France, indique TF1.
Ils sont blanc et rose pour Mondial Relay ; jaune, bleu ou gris pour Amazon ; bleu-vert pour Vinted ; gris et jaune pour La Poste, qui a
4 500 consignes Pickup, dont 62 % accessibles 24 h sur 24.
La Poste m’indique que ces casiers ne représentent qu’1% des Colissimo qu’elle distribue.
Mais ce chiffre est beaucoup plus élevé pour d’autres acteurs. Et il progresse vite. Selon la fédération du e-commerce et de la vente à distance, en 2024, 19 % des cyberacheteurs français ont utilisé ces casiers de consigne. C’est quatre points de plus que l’année précédente.
Mais ces casiers ont des inconvénients…
Alors, oui, ils sont accessibles tout le temps. Mais ils sont parfois vandalisés, comme ce fut le cas à Lannion dans les Côtes-d’Armor ou à Ranchot dans le Jura.
Aussi, ils peuvent être piratés. La semaine dernière, un homme de 23 ans a été condamné à 18 mois de prison avec sursis dans le Val d’Oise pour une escroquerie de 110 000 € au préjudice d’Amazon. “En déjouant le protocole de sécurité, il parvenait à ouvrir les lockers, sans être détecté, pour prendre la marchandise et remettre le colis vide, empochant ensuite un remboursement”, rapporte Le Parisien. Il a fait appel.
Et puis, ces casiers prennent la place du contact humain. Avec cette question, philosophique, posée, comme un appel, par une commerçante du Mans dans la Sarthe : “Maintenant, il faut savoir si les clients veulent s’adresser à des boîtes métalliques ou à des commerçants.”