Dans cette incroyable histoire qu’il a conçue pour France Bleu à partir de faits qui se sont réellement passés, Pierre Bellemare revient sur l’idée folle d’un groupe d’hommes audacieux qui, en septembre 2004, commence par prendre un banal rendez-vous à l’ambassade d’Allemagne du Sri Lanka à Colombo.
Le conseiller culturel qui les reçoit écoute avec attention leur projet, un projet sportif qui pourrait se concrétiser si celui-ci leur accordait à chacun un visa, explique Pierre Bellemare dans cet épisode du podcast Pierre Bellemare, ses histoires extraordinaires.
En effet, ces hommes ne sont autres que les joueurs de l’équipe nationale de handball. Leur fédération, tout juste portée sur les fonts baptismaux, cherche à se faire connaître et se confronter à des équipes connues et aguerries en dehors de ses frontières. Dans cette optique, elle aimerait que son équipe nationale participe à un tournoi de matchs amicaux en Bavière, une région du sud de l’Allemagne. Tel est le discours qu’ils tiennent ce jour-là…
Si le diplomate s’interroge sur les qualités physiques de l’équipe quelque peu disparate qu’il a sous les yeux, il accepte néanmoins de fournir le nombre de visas espérés. À la condition que cette aide s’arrête là. Charge aux joueurs et aux entraîneurs de s’acquitter de leurs frais de voyage et de séjour.
La balle est dans le camp des joueurs
Le précieux sésame en poche, le groupe s’envole pour l’Allemagne. Aéroport, hôtel, salle omnisports, vestiaires, puis entrée des deux équipes. Les joueurs srilankais découvrent l’enthousiasme des supporters locaux dans les gradins.
L’équipe nationale invitée suscite, dès son entrée, l’étonnement voire l’incompréhension, raconte Pierre Bellemare. À commencer par l’âge et le physique des joueurs, du plus jeune, un garçon chétif et maladroit qui semble à peine sorti de la puberté, au plus âgé, un quadragénaire bedonnant et gauche.
L’arbitre, qui feint d’ignorer la composition de cette équipe venue d’un autre continent, invite bientôt à donner le coup d’envoi. En à peine dix minutes, les Allemands mènent 12 à 0. En moins de temps encore, spectateurs et corps arbitral comprennent que les Srilankais ne connaissent absolument rien au handball. Le score final, 87-0, constitue même un record inégalé à ce jour dans les annales de ce sport !
L’important, c’est de participer !
Les organisateurs du tournoi, médusés, veulent comprendre. Quelle est cette équipe ? Pourquoi est-elle venue jouer contre leurs joueurs ? Est-ce vraiment sa fédération qui l’a envoyée ? Et d’ailleurs y-a-t-il une fédération de handball au Sri Lanka ? Autant de questions que doivent se poser les Allemands, conjecture Pierre Bellemare.
Le représentant srilankais calme la situation, se confond en excuses, invoquant à la fois leur modeste niveau, le décalage horaire et la fatigue du voyage. Il promet que, lors de la prochaine rencontre, son équipe se montrera digne de l’équipe allemande.
Mais le lendemain, mystère, les joueurs srilankais tardent à se présenter…
