« Tu veux pas un petit verre ? Allez juste un dernier… Mais non suis pas alcoolique, je bois qu’en soirée. J’ai l’alcool mondain, moi monsieur » !
L’ex journaliste et écrivain Christophe Tison a souvent entendu et prononcé ce genre de phrases. A souvent accepté un verre. Puis deux. Puis trois… Puis trop. Pendant 15 ans, il a consommé des litres d’alcool avant de se soigner.
Depuis 19 ans, il est abstinent et il est le narrateur d’un documentaire très personnel. A travers son récit, il démontre les dangers de l’alcool, de cet alcool qui isole socialement.
Il s’entretient notamment avec un de ses anciens employeurs, Bernard Zekri qui raconte : “Y’avait des matins – il faut dire les choses comme elles sont – tu pues ! Il y a une odeur caractéristique de l’alcool. Tu empestais, tu sortais d’une pièce et tu laissais derrière toi une trace”. Christophe Tison lui répond : “à un moment donné, je me suis dit que si je continuais, j’allais me retrouver en prison, à l’hôpital ou à la morgue”. Et Bernard Zekri de lui rétorquer : “Oui, c’est une question de vie ou de mort !”.
Les phrases claquent. Tout autant que celles des filles de Christophe Tison qui témoignent. Elles dressent le portrait d’un père triste, absent surtout. L’une d’entre elle a cette formule “l’enfant d’un alcoolique, c’est l’enfant débrouillard, parce qu’il ne peut pas compter sur ses parents”.
49 000 morts par an en France
Selon le ministère de la santé, 49 000 personnes meurent d’alcoolisme chaque année en France. Des morts qui fracassent des familles…
Et le cerveau. IRM à l’appui, Marie Hindenoch, neuropsychologue, montre les zones noires d’un cerveau d’une personne alcoolodépendante. “On peut trouver jusqu’à 15% de diminution de volume cérébral chez les gros buveurs. C’est énorme. Les conséquences sur le comportement, ça va être des troubles cognitifs, donc des troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration, des troubles moteur aussi, de l’équilibre qui peuvent être importants”.
L’alcoolisme a un coût pour la société ! Christophe Tison cite notamment un chiffre : les hospitalisations pour alcoolisme coûtent 8 milliards par an, soit le double des taxes rapportées par la vente de vins et de spiritueux.
Et pourtant, le discours que l’on entend de façon récurrente est que le vin est “un produit culturel”, qu’il suffit d’en boire avec modération…
Un discours que répètent les lobbies du vin et que Christophe Tison rencontre. La confrontation est d’ailleurs intéressante. Les professionnels du vin parlent “d’un produit qui n’est pas neutre” et évitent l’expression “un danger pour la santé”.
Une série de 4 films
Mais plus intéressant encore, ce sont les propos du docteur Philippe Batel, psychiatre addictologue : “Dès un verre par jour, on augmente le risque d’avoir un cancer. Il n’y a pas de consommation d’alcool qui améliore la santé. Mais, moi, mon discours, il est simple. Vous buvez ce que vous voulez. Simplement, vous avez une ardente obligation de connaître les risques et les dommages que vous encourrez pour vous-mêmes et les gens qui sont autour de vous”.
Des documentaires sur les dangers de l’alcool, il y en a beaucoup. Mais rarement aussi incarné et porté par quelqu’un qui a vécu l’enfer de cette dépendance. Christophe Tison fait preuve d’une honnêteté parfois déroutante, déconcertante. Ses mots sont choisis. Précis. Et frappent.
“J’ai longtemps attendu d’aller mieux pour arrêter de boire. Et puis, j’ai arrêté de boire, et… je suis allé mieux”.
Ce documentaire est un des 4 films d’une collection intitulée « Demain j’arrête » et portée par 3 autres personnalités : la danseuse Marie-Agnès Gillot qui évoque sa dépendance au tabac, la chroniqueuse et comédienne Enora Malagré accro au sucre et le comédien Philippe Lellouche, féru de jeux d’argent. Un dernier volet moins convaincant que les précédents.
Reste qu’après après avoir vu ces documentaires, vous pourriez prendre de bonnes résolutions avant même le 1er janvier…
La série documentaire « Demain j’arrête » est diffusée ce soir et mercredi prochain sur Canal+ Docs à 21h