Should second-hand books be taxed or not?

Should second-hand books be taxed or not?
Should second-hand books be taxed or not?

Etat des lieux

Ce phénomène s’amplifie sérieusement et préoccupe les éditeurs comme les auteurs. Les premiers, les éditeurs redoutent de perdre une manne considérable puisqu’ils ne touchent pas un centime sur chaque revente d’ouvrages. Ils craignent que dans dix ou quinze ans, la moitié des livres soit vendue de cette façon. Les plus pessimistes, pour noircir le tableau et se faire vraiment peur, assurent qu’un jour il n’y aura tout simplement plus de livres si ce phénomène s’intensifie encore.

Les seconds, les auteurs s’agacent du fait que la durée de vie de leurs ouvrages est de plus en plus fugace. La possibilité de percevoir des droits sur la vente des livres neufs se réduit désormais à quelques semaines en librairies. Leurs ouvrages sont en effet proposés de plus en plus vite à prix cassés sur les sites comme Momox, mais aussi eBay, Rakuten, Leboncoin, Vinted ou encore chez Gibert. Et comme les éditeurs, les écrivains ne perçoivent rien sur les livres vendus d’occasion.

Profil des acheteurs

Ces acheteurs sont des lecteurs inconditionnels. Plus encore que chez les acheteurs de livres neufs, ils se caractérisent par une légère surreprésentation des catégories socioprofessionnelles « supérieures », ce sont surtout des 35-49 ans et des foyers avec enfants. Et pour ce qui les motive, la réponse est bassement matérialiste : c’est un moyen simple de faire des économies puisque l’occasion est généralement vendue à moitié prix. Ce qui est tentant pour les gros lecteurs. Certains, mais pas la majorité, justifient aussi ces achats par des motivations écologiques. Et pour ferrer les clients, la vente de livres d’occasion devient aussi plus sophistiquée grâce aux outils d’alerte sur la disponibilité d’un exemplaire ou aux comparateurs de prix entre les différents sites.

Une taxe demandée par les éditeurs

Pour les éditeurs, une mesure d’urgence doit être mise en place pour éviter que le développement du livre d’occasion ne se fasse
au détriment de la chaîne du livre. Ils veulent s’attaquer à la concurrence déloyale, selon eux, qui consiste à vendre des ouvrages en état neuf à prix bradés. Pour les éditeurs toujours, l’idée de taxer les grandes plateformes ne serait que justice.

L’ Allemand Momox par exemple achète bien souvent un ouvrage une misère pour le revendre 7 à 8 fois plus cher. Comme à la Bourse, les prix d’achat et de vente varient selon la demande. Momox comme les autres plates-formes s’enrichit en faisant le bonheur des acheteurs de livres d’occasion, bien plus que celui des vendeurs.

Sur un modèle comparable à la contribution financière imposée aux plateformes de streaming musical, les éditeurs demandent de taxer le livre d’occasion à hauteur de 3 % du prix de revente, en exemptant toutefois les brocanteurs, les bouquinistes ou Emmaüs. Difficile pourtant de taxer les uns et pas les autres… En tout cas, le lobbying des éditeurs fonctionne à merveille puisqu’ils ont déjà convaincu Emmanuel Macron du bien fondé de leur proposition. Et pour une fois, les auteurs sont sur la même ligne. Reste encore à convaincre le Parlement. Une proposition de loi soufflée par la Société des gens de lettres, donc par les auteurs, a été discutée à l’Assemblée Nationale mi-octobre mais est tombée à la trappe le 8 novembre, en raison de la montagne d’amendements proposés dans le projet de loi de finances.

Une bonne idée ?

Pas si sûr que ce projet de taxe soit une vraie bonne idée ! C’est une bonne idée puisque cela permettrait d’abonder un fond destiné à la retraite des auteurs et une partie reviendrait aussi aux éditeurs. Les premières estimations font état de 7 millions d’euros par an avec cette taxe.

Mais c’est une fausse bonne idée aussi. Pourquoi les livres qui ont déjà rétribué une première fois l’éditeur et l’auteur continueraient-ils à générer des droits de façon infinie à chaque revente ? Dans un seul secteur, dans l’art, il existe en ce qu’on appelle un “droit de suite”, qui permet de rémunérer les artistes ou leurs ayants-droits, en cas de revente d’une œuvre par un professionnel du marché de l’art. Ce n’est pas prévu pour le livre. Les éditeurs rappellent à l’envi que le livre d’occasion n’est pas aussi écologique qu’on le prétend. Difficile à entendre de la part d’un secteur qui envoie au pilon 25 000 tonnes de livres par an. On peut se demander aussi pourquoi le livre ferait exception alors que la mode ou l’électronique s’adaptent à cette tendance sociétale de l’occasion.

Mais surtout au moment où le gouvernement a fait de la lecture un axe prioritaire, ce serait un signal assez malvenu de pénaliser ceux qui ne sont pas assez fortunés pour s’offrir des livres neufs. L’idée de taxer le secteur du livre n’est pas nouvelle : depuis près d’un an, l’envoi de livres neufs achetés en ligne est désormais facturé 3 euros de frais de livraison. Cette mesure était censée aider les librairies indépendantes tout en attaquant Amazon. Mais l’effet collatéral s’est avéré dévastateur : bon nombre de lecteurs, agacés, se sont tout simplement tournés … vers les livres d’occasion. Précisément l’effet inverse de ce qui était recherché.

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