“Je pense qu’il faut qu’ils (écologistes, socialistes et communistes) restent dans l’opposition”, plaide l’ancien Premier ministre (1997-2002) socialiste Lionel Jospin, invité ce lundi de France Inter. “Mais en même temps, il faut qu’ils contribuent à ce que ce gouvernement, dont ils ne partagent pas les options, dure”, ajoute-t-il, trois jours après la nomination de François Bayrou à Matignon. Pour le PS, “entrer dans une coalition, ce qui est écarté maintenant, serait entré dans la confusion politique”, prévient-il.
“Il faut vite un gouvernement et j’espère que François Bayrou le formera rapidement”, a-t-il souligné, avant de préciser que la future équipe gouvernementale doit être “acceptée”. Pour Lionel Jospin, “François Bayrou (doit) élargir son champ de vision” conformément à la demande du PS de procéder à une “réorientation de la politique gouvernementale”. Le nouveau Premier ministre doit faire des gestes “en direction d’une opposition qui défendrait une certaine stabilité du fonctionnement institutionnel”, prévient-il. Car socialistes, communistes et écologistes “n’entendent pas bloquer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et donc ils forment des exigences légitimes qui est de dire au nouveau Premier ministre : prenez compte des souhaits, des aspirations ou des demandes qui viennent des Français et qui étaient dans notre programme ancien et sans doute caduc du Nouveau Front populaire”.
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Éviter “une situation d’usage mécanique de la censure”
Pour prix de leur non-censure, les socialistes demandent par ailleurs à François Bayrou de s’engager à renoncer au 49.3. “Je pense qu’établir un lien mécanique entre ‘vous n’utilisez pas le 49.3 parce que sinon on censure’ est une erreur”, déplore l’ex-Premier ministre de Jacques Chirac, qui se targue de n’avoir jamais utilisé cette arme constitutionnelle. “Je suggère à mes amis socialistes, aux écologistes et aussi aux communistes, s’ils veulent bien m’entendre un peu, de ne pas se mettre dans une situation d’usage mécanique de la censure par rapport aux 49.3”, a martelé Lionel Jospin.
“On peut s’opposer par bien d’autres manières que par la censure, sinon il n’y aurait pas eu seulement deux censures en 60 ans”, souligne-t-il. “Cet article (le 49.3), il est dans la Constitution et il peut être nécessaire à certains moments, par exemple pour adopter le budget de la France ou le projet de financement de la sécurité sociale”, a-t-il défendu, tout en appelant le nouveau locataire de Matignon à en faire “un usage raisonnable”. Pour le socialiste, François Bayrou doit “être tourné davantage vers le Parlement que tourné vers les injonctions souterraines ou discrètes du président qui doit se montrer discret”.