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Olivier Dubois, reluctantly

Les chorégraphies d’Olivier Dubois reprennent les univers rituels, combinaison entre communion collective et moment souvent sacrificiel. Il emprunte et réinvente aussi les figures de l’art de l’histoire. Pour sa nouvelle création For Gods Only (Sacre #3), une interprétation du Sacre du Printemps composée par Stravinsky et créée par Nijinsky, Marie-Agnès Gillet se dépare de sa tenue de guerrière. Dans cette nouvelle réinterprétation, elle est comme sacrifiée par elle-même, mimant même parfois le harakiri. Alternant les postures de combat, les figures de ballet et les moments d’égarement rythmés par la panique, elle paraît en lutte contre des monstres invisibles, scrutant les abords de la scène comme alertée par le danger.

Se jeter sur scène comme dans un précipice

C’est une rencontre entre la danseuse étoile qui a commencé à 5 ans et le garçon qui a commencé à 23 ans. Elle dont le corps a été façonné par l’école du ballet de l’Opéra de . Lui dont le corps est à mille lieues de celui des danseurs classiques. Elle et son aura d’étoile, lui et son envie de matière. Qu’est-ce qui relie ces deux-là ? Un spectacle pour commencer, mais sûrement bien d’autres choses.

Malgré l’apparente divergence entre leurs parcours, Olivier Dubois voit un parallèle évident entre leur rapport à la danse : “je pense que ce qu’on a en commun, c’est ce rapport à la scène, au plateau. Je pense qu’on partage cette entrée sur scène comme une façon de se jeter dans un précipice et de tout y jouer. Sa vie entière. C’est-à-dire sans retenue. Quitte à y brûler, quitte à y perdre quelques plumes. Je pense que c’est ça qui a très fortement résonné chez moi, et participé au désir de travailler avec elle.

La légende comme tragédie

Dans For Gods Only, troisième volet de sa collection de Sacre(s) du printemps interprété par la danseuse étoile du ballet de l’Opéra de Paris qui a raccroché les pointes il y a 6 ans, la question de la légende dans ce qu’elle a de puissant mais aussi d’asservissant est interrogée. Olivier Dubois a le sentiment que : “quand vous rentrez dans cet espace-là, vous rentrez dans un coma du vivant. Vous n’avez plus le droit de vieillir, vous n’avez plus le droit de changer, vous n’avez plus le droit d’être autre, vous n’avez plus le droit de mourir.” La pièce s’appelle For Gods Only (seulement pour les dieux) pour souligner “cette tragédie des dieux qui ne peuvent pas mourir, qui donc ne connaissent rien à la vie.” Cette interrogation résonne aussi pour le chorégraphe dont la pièce Tragédie présentée en 2012 a été un immense succès.

Le parcours des deux se rejoignent aussi là où le chorégraphe et la danseuse partagent un goût de l’effort, de la répétition, de la recherche et de la persévérance, décrits par Olivier Dubois : “je ne me lasse pas de l’exercice, je ne me lasse pas de la douleur. Les danseurs sont des grands sportifs, et se pose la question de l’effort qui certes est suspicieuse, mais on ne peut pas faire sans. Quand on parle d’effort, on parle évidemment d’endurer, ce que dit très justement Marie-Agnès : endurer, traverser, se laisser encore traverser par la difficulté. Parce que c’est le seul moyen d’atteindre un ailleurs et de continuer à découvrir et d’en savoir un peu plus.

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