Ecoutez, ce qui est sûr, c’est que depuis 2017, aucun de ses Premiers ministres ne s’imaginait devoir faire ses cartons. Que ce soit en subissant un remaniement, ou comme aujourd’hui, et c’est historique, une censure post 49.3.
Tout le monde avait envie de durer ! Or, la durée du bail n’a fait que raccourcir depuis 2017, c’est spectaculaire : 3 ans pour Edouard Philippe, 3 mois pour Michel Barnier… En passant par Jean Castex (680 jours), Elisabeth Borne (602) Gabriel Attal (6 mois + 2 comme démissionnaire).
Si on suit cette loi des séries, le prochain Premier ministre peut-il durer ?
Chez les proches du Président, on rêve d’un chef de gouvernement qui tiendrait jusqu’en mai 2027. D’où l’importance de bien choisir ! Et cette fois, sans faire traîner. Puisqu’à l’Elysée, on anticipe une nomination avant samedi, avant la réouverture de Notre-Dame.
Mais comment garantir cette longévité ?
Si le pouvoir de nomination est à l’Elysée, le pouvoir de durer est à l’Assemblée. Et tout va dépendre de la capacité des groupes parlementaires à nouer un accord minimal, de non-censure, en listant 3 ou 4 sujets sur lesquels une coalition pourrait tenir, au moins jusqu’à l’été.
Et on en prend le chemin ?
Il y a du neuf, depuis ce matin. Gabriel Attal, pour le groupe des macronistes, veut élargir le périmètre du socle commun, en partant des socialistes jusqu’aux LR. Cette idée d’accord minimal, on la retrouve aussi chez Boris Vallaud, au PS, et chez les écologistes.
Reste à savoir ce qu’on met dedans ? A gauche, on veut bien, mais avec un Premier ministre de gauche menant une politique de gauche ! Et à droite, Laurent Wauquiez, pour les LR, se garde bien d’approuver l’initiative de Gabriel Attal. Abrogation des retraites ? Loi immigration ? Il va falloir gommer un maximum d’irritants.
Donc le risque est grand de tourner en rond ?
Et de remonter dans le manège de la chambre ingouvernable. Surtout si Emmanuel Macron refait la même erreur qu’en septembre : désigner le qui avant qu’on ait discuté du quoi !
Il peut donc y avoir d’autres chutes de gouvernement ?
Tant que l’Assemblée aura cette configuration, sans ce pacte minimal qui exclurait LFI et le RN, la réponse est oui. Car ces 2 forces politiques ont tout intérêt à enchaîner et accélérer les censures.
Pour pousser Emmanuel Macron vers la sortie ?
Et provoquer une présidentielle anticipée : Mélenchon et Le Pen y sont prêts, pour prendre tout le monde de vitesse.
Pure “politique fiction”, a répondu hier Emmanuel Macron. Démissionner est exclu : par respect des institutions, parce qu’il y a des crises à gérer dans le monde, par ego, aussi.
Mais faisons quand même un peu de “politique fiction”…
Si le nouveau Premier ministre ne dure pas, l’usure d’un système politique à bout de souffle reviendra en boomerang à l’Elysée… Quand les fusibles sautent les uns après les autres, c’est à l’électricien qu’on demande des comptes.
Donc, pour répondre à votre question : soit un socle commun “new look” émerge et permet le temps long. Soit c’est la chute accélérée des dominos, et la mise sous pression d’Emmanuel Macron.
S’il redissout à l’été, et que la photo politique de l’Assemblée demeure aussi confuse, que se passe-t-il ? On serait encore bloqué ! Dans l’impossibilité de refaire des législatives encore pendant un an ? Intenable.
Si Emmanuel Macron se trompe dans le casting de Matignon, alors il n’y aura plus de joker pour empêcher le débat sur le casting de l’Elysée.