En cette fin 2024, c’est l’heure du bilan pour les entreprises du BTP et il n’est pas bon. Après une année 2023 difficile, la Fédération française du bâtiment prévoit une activité en recul de 6.6% sur les 12 derniers mois. En cause : le nombre de constructions neuves qui continue de chuter.
“Le BTP est en grand péril”, a alerté Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, jeudi 19 décembre sur Sud Radio. Et le député des Landes ajoute : “En 2017, on construisait à peu près 140 000 logements par an. Aujourd’hui on est à la moitié alors que le nombre de demandes a explosé”.
La construction en baisse de 38% sur sept ans
Selon les études statistiques du ministère du logement, la construction de logements neufs a effectivement subi une forte baisse ces sept dernières années. Mais les chiffres cités par Boris Vallaud ne sont pas les bons. En 2017, il y avait eu – tous types de logements confondus – 418 000 mises en chantier sur un an.
Pour 2024, les derniers chiffres disponibles datent de fin octobre 2024 et le ministère comptabilisait alors 259 000 logements pour lesquels la construction avait commencé. Soit une baisse de 38% de la construction de logement neufs en sept ans. Et non pas 50%, comme l’a affirmé Boris Vallaud.
Une “confusion” avec les maisons individuelles
D’où vient ce chiffre de 140 000 constructions annuelles de logement ? L’équipe de Boris Vallaud reconnaît “une confusion”. Le député PS des Landes parlait non pas de la construction dans son ensemble mais uniquement de ce que le ministère appelle les “logements individuels purs”, c’est-à-dire les maisons individuelles (hors lotissement). Si l’on regarde le tableau statistique de 2017 dans le détail, il est écrit qu’en 2017, 149 000 logements individuels purs ont été “autorisés”. Plus bas, il est cependant précisé que seuls 129 900 chantiers ont réellement commencé. Le chiffre donné par Boris Vallaud n’est donc pas correct.
Par ailleurs, ces maisons individuelles ne sont qu’une petite partie des chantiers de construction. En France, on construit bien plus de logements collectifs qu’individuels, des appartements pour la plupart. Logements sociaux ou parc privé, c’est la moitié des chantiers de construction. Quoi qu’il en soit, cette crise de la construction n’épargne aucun type de logement, qu’il soit collectif ou individuel.
2017, une grande année pour le BTP
Pourquoi le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale choisit-il de comparer 2024 avec 2017 ? Ce n’est pas un choix arbitraire. L’année 2017 est une année clé pour le secteur du BTP, c’est le dernier pic des constructions enregistré. Fin 2017, la France est en pleine reprise économique. Les constructions se multiplient, grâce notamment aux chantiers du Grand Paris ou au dispositif Pinel pour les particuliers. Il y a eu une autre embellie post-Covid. Mais depuis février 2022, c’est à nouveau la dégringolade. En près de trois ans, le nombre de chantier commencés a chuté de plus de 30%.
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