C’est le début d’une longue démarche pour les lycéens de terminale qui souhaitent poursuivre leurs études après le bac. Mercredi 18 décembre, la plateforme Parcoursup ouvre sur Internet, avec toutes les formations possibles.
**>>Parcoursup : on vous explique les nouveautés de la plateforme pour être plus transparente avec les élèves
**Depuis plusieurs années, la répartition des étudiants dans les différentes villes françaises évolue, avec de plus en plus de villes de tailles moyennes, voire de petites villes. Par exemple, Limoges, plus réputé pour sa porcelaine que pour son université, abrite aujourd’hui 17 500 étudiants. C’est 2 000 de plus qu’il y a 10 ans.
Pauline, en 3e année de médecine, vient de la région de Périgueux et aurait naturellement dû se retrouver à Bordeaux pour ses études. Mais “plus ça va à Bordeaux, plus c’est cher”, dit-elle, c’est donc une raison pécuniaire qui l’a fait se rabattre sur Limoges, où elle paie un logement 300 euros au lieu de 600 euros à Bordeaux.
Des loyers deux fois moins chers et une douceur de vivre
C’est bien là l’un des attraits de Limoges pour les étudiants : un coût de la vie bien inférieur à d’autres. Dans son étude annuelle, l’Unef (Union nationale des étudiants de France) la classe même comme la ville universitaire la moins chère de France.
Une amie de Pauline, Stella, a d’ailleurs fait le même choix, elle qui vient de région parisienne. Elle a pu trouver son appartement en 10 jours “à distance”, sans même le visiter. De plus, les transports sont aussi deux fois moins chers à Limoges qu’à Bordeaux, et même le prix de la prépa pour le concours de médecine est quatre à cinq fois moins élevé qu’à Paris.
Côté vie étudiante, les deux jeunes femmes sont ravies : “Là, une fois nos partiels passés, on va passer notre après-midi en centre-ville à se promener parce que c’est super sympa, assure Stella. Le marché de Noël est vraiment bien !” “On se sent vraiment bien ici”, confirme Pauline.
“L’avantage aussi de la fac à Limoges, c’est qu’on est pas nombreux ; on se connaît tous et on devient facilement amis.”
Cette proximité, c’est aussi ce que met en avant la présidente de l’université de Limoges. Dans un site à taille humaine, Isabelle Klock-Fontanile peut travailler plus facilement avec les collectivités et les différents acteurs pour venir en aide aux étudiants, un enjeu d’autant plus important quand on sait que la moitié sont boursiers. “Il m’est arrivé de recevoir des étudiants en grandes difficultés, raconte-t-elle_, je passe un coup de fil au directeur général du Crous qui m’envoie des tickets de restaurant universitaire_, raconte-t-elle. C’est parce que nous avons ces relations extrêmement fluides que nous pouvons être au plus près des besoins des étudiants.”
Des formations précises et recherchées
L’université de Limoges se déploie aussi dans les petites villes du Limousin : Guéret, Egletons, Brive, Tulle. Cela permet aux familles les plus modestes d’envisager des études supérieures à moindre coût, sans autocensure, avec parfois de gros succès : “À Guéret, on a une formation carrières sociales, on a quasiment doublé les capacités d’accueil en deux ans parce qu’elle est très, très demandée”, indique la présidente d’université. La clé pour attirer des jeunes, c’est aussi, selon elle, de développer des axes de recherche très précis, qui font venir des étudiants de loin, parfois de l’autre bout du monde. Les masters sur le risque bancaire par exemple, ou sur la céramique ont ici beaucoup de succès.
Attirer et garder des étudiants est aujourd’hui un enjeu pour la ville de Limoges, parce que les 140 000 habitants de la ville vieillissent. La présence de jeunes est vitale pour le dynamisme de la ville. La mairie tente donc d’en faire venir le plus possible, en finançant des associations d’étudiants, en prêtant des infrastructures sportives ou culturelles “Un jeune qui n’a pas beaucoup de moyens, dont les parents ont des appréhensions sur les grandes zones urbaines, va trouver sa place à Limoges”, assure une employée municipale.
100 000 étudiants de plus dans les moyennes villes depuis 2001
Limoges n’est pas la seule ville à bénéficier de cette tendance, loin de là, bien sûr. François Rio, délégué général de l’Association des villes universitaires de France, met en avant la qualité de vie des plus petites agglomérations : “Il y a toujours eu une tendance à ce que ce soit les villes les plus grosses qui attirent le plus d’étudiants, mais depuis quelques années, on observe un ralentissement, explique-t-il, parce que, entre autres, la qualité de vie a baissé.”
“Dans les grandes villes, les logements sont plus chers, les transports sont bondés, donc c’est vrai que les villes moyennes attirent pas mal d’étudiants.”
Ainsi, selon cette tendance, “c’est une augmentation d’à peu près 100 000 étudiants entre 2001 et 2020″, affirme-t-il, pour des villes comme La Rochelle, Annecy, Le Mans, Vannes, Lorient par exemple, qui ont beaucoup attiré ces dernières années. Mais ce report profite aussi à des plus petites villes, qui hébergent des antennes universitaires : Evreux, avec +24% d’étudiants en 3 ans, La Roche-sur-Yon, avec +18%.
On doit aussi cette évolution de la répartition des étudiants en France aux plateformes : Parcoursup et plus récemment “MonMaster” ont rendu davantage visibles les offres d’enseignement supérieur partout en France.
L’Association des villes universitaires de France réfléchit à un label “ville étudiante” pour reconnaître les efforts faits par certaines villes sur qualité de vie étudiante : lieux de restauration, accès à la culture, au sport, solutions en matière de santé, sur la vie associative. Il devrait voir le jour pour les prochaines élections municipales en 2026.
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