Kamel Daoud: “One of the hardest things to explain in the world is what a dictatorship is”

Kamel Daoud: “One of the hardest things to explain in the world is what a dictatorship is”
Kamel Daoud: “One of the hardest things to explain in the world is what a dictatorship is”

Compatriote, compagnon d’écriture et ami de Kamel Daoud, l’écrivain Boualem Sansal a été arrêté le mois dernier en Algérie, et incarcéré pour “atteinte à la sûreté de l’État”. “Je ressens de la colère, un sentiment d’humiliation sur l’image que l’on donne de l’Algérie. Je ressens de la tristesse, une envie de ne plus parler de l’Algérie, de m’ouvrir au reste du monde, parce que ça a été blessant“, répond Kamel Daoud. Mais il affirme aussi son envie de solidarité, de continuer à expliquer ce qu’il s’est passé, “parce qu’une des choses les plus difficiles à expliquer au monde, c’est ce qu’est une dictature : tant qu’on ne la ressent pas dans son corps, il est difficile d’expliquer aux gens qui vivent en démocratie ce qu’est la dictature“.

Le régime, selon lui, a construit sa survit “sur l’idée que le monde entier nous en veut, qu’il y a un complot international“, selon Kamel Daoud. “Je ne suis pas optimiste sachant les moeurs de ce régime, mais je pense qu’il faut une mobilisation continue parce qu’il faut que Boualem et d’autres écrivains soient soutenus“. Pour lui, Boualem Sansal n’aurait pas dû retourner en Algérie. Mais “quand on est un exilé, on est toujours tenté par le dernier voyage, celui où on prend les dernières photos, les derniers bibelots. Et le dernier voyage, c’est toujours le plus dangereux“.

“En on n’est pas des “bons arabes””

Comment reçoit-il les “oui mais” qui ont surgi après l’arrestation de Boualem Sansal, les nuances le qualifiant d’écrivain d’extrême droite ? “On conteste un homme libre et on soutient un homme en prison, c’est la règle de base”, rappelle-t-il. “Le problème des écrivains d’origine algérienne comme moi, c’est qu’on est piégé par les fractures françaises. Vous voulez parler d’islamisme, on nous dit, attention, islamophobie. Vous voulez parler de l’échec du pays d’origine, on vous dit que vous êtes contre la migration (…). On est bridés. En Algérie on est accusés d’être français, en France on n’est pas des bons arabes“.

Mais dans le même temps, dit l’écrivain, “je ressens de la joie parce que j’ai reçu le prix Goncourt, et ça ils ne pourront pas me l’enlever, de la fierté, et j’ai envie de continuer à écrire des livres“. Mais pourquoi l’Algérie déteste-t-elle ses écrivains ? “Je pense que l’écrivain représente le côté guérison par l’universalité, le choix d’aller vers l’autre, face à un pays qui bâtit son hypernationalisme sur le refus du monde, sur le repli sur soi“, répond-il. “Qu’est-ce qu’on me reproche à moi, qui n’écris que des fictions ? De défendre les femmes ? Je l’assume. De défendre la liberté ? Je l’assume. De dénoncer l’islamisme ? Je l’assume. De dénoncer l’autoritarisme ? Je l’assume. Est-ce que ça fait de moi un diable ? Je serai le diable“.

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