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Mercosur: the challenges of trade agreements with Europe

L’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, qui vise à éliminer presque toutes les taxes sur les produits échangés, divise l’Europe. Si certains pays, comme l’Allemagne et l’Espagne, soutiennent le traité pour ses avantages économiques, la et d’autres pays, dont la Pologne et les Pays-Bas, s’opposent fermement. Les agriculteurs français craignent une concurrence déloyale, notamment en raison de l’importation de produits comme la viande bovine, dont la production ne respecte pas les mêmes normes environnementales et sanitaires.

Bien que l’accord favorise des secteurs comme l’automobile et les produits pharmaceutiques, l’impact sur l’agriculture européenne, notamment la viande, inquiète. La France pourrait bloquer l’accord en formant une minorité de blocage avec d’autres pays devant représenter au moins 35 % de la population de l’UE. La signature pourrait se faire lors du sommet du Mercosur les 5 et 6 décembre, mais le processus de ratification prendra plusieurs mois.

Tentons de comprendre ce que recouvre cet accord qui fait l’objet de tant de polémiques, ce dossier épineux qui attise la colère des agriculteurs et dont la France ne veut pas en l’état. Pourquoi ce traité est rejeté par la France ? Faut-il s’opposer à la signature de l’accord entre l’UE et le Mercosur ? C’est ce que nous tentons de mieux comprendre avec Marine Colli, consultante en affaires publiques, spécialiste des politiques agricoles et des politiques de libre-échange. Co-auteure de l’enquête “À quand la fin des importations de viande issues d’animaux dopés aux antibiotiques”, publiée en juin par l’Institut Veblen. Auteure également d’une enquête “UE Mercosur les dangers d’une ratification de l’accord de commerce en l’état”.

Le Mercosur, qu’est-ce que c’est ?

Le Mercosur a été fondé le 26 mars 1991 par le Traité d’Asunción. C’est un traité qui établit les bases d’un marché commun, dont les membres-fondateurs sont l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay. Puis le Venezuela a rejoint le Mercosur, mais a été suspendu en 2017. D’autres pays sont devenus des membres associés comme le Chili, la Colombie, l’Équateur, le Guyana, le Pérou, le Suriname et la Bolivie.

Comme l’Union européenne, le Mercosur vise à la libre circulation des biens et des services, à l’adoption d’une politique commerciale commune et à la coordination des politiques macroéconomiques et sectorielles entre ses membres. Aujourd’hui, il représente 300 millions d’habitants et plus de 80 % du PIB de l’Amérique du Sud. Il est le quatrième bloc économique de libre-échange au monde.

Le Brésil, les enjeux d’un géant de l’agro-industrie

Le Brésil, fer de lance du Mercosur, est un mastodonte de l’agro-industrie. Marine Colli met en garde contre le risque de voir le marché européen inondé de produits brésiliens, menaçant directement l’agriculture française : “Si cet accord inquiète tant, c’est parce qu’on est en train de négocier avec un des géants de l’agro-industrie exportatrice mondiale, c’est le Brésil, qui produit à la fois de la viande de volaille, de la viande bovine, du maïs, du sucre, de l’éthanol à un prix défiant toute concurrence“.

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Des normes à géométrie variable ?

Marine Colli révèle une autre réalité : l’importation massive de produits ne respectant pas les normes sanitaires européennes : “L’Union européenne importe déjà 900 000 tonnes de volaille chaque année, 300 000 tonnes de viande bovine, et toutes ces viandes ou presque sont ces animaux qui sont traités avec des antibiotiques utilisés comme accélérateurs de croissance“. La spécialiste dénonce par là une certaine hypocrisie en ce sens que certaines pratiques, normes sont interdites en Europe alors même qu’elle importe des produits qui en sont issus, mettant en danger la santé publique et aggravant le phénomène d’antibiorésistance.

Une victoire pour l’industrie, une catastrophe pour l’agriculture et l’environnement ?

Si certains secteurs industriels européens, comme l’automobile allemande, pourraient tirer profit de l’accord, l’agriculture française risquerait quant à elle d’en payer le prix fort : “Une très grosse partie de la ferme France serait impactée négativement“, avertit Marine Colli. L’accord pourrait aggraver la crise que traverse le secteur agricole français, déjà fragilisé par la disparition de nombreuses exploitations. Sans compter l’impact environnemental du transport de marchandises entre l’Europe et l’Amérique du Sud, qui représente aussi un enjeu fondamental.

-> Ecoutez l’intégralité de l’analyse de notre invitée sur les dessous de cet accord commercial controversé entre l’Union européenne et le Mercosur.

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