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knows that it must repent”: the son of a Senegalese rifleman executed in Thiaroye testifies

Ce jour-là, le 1er décembre 1944, 35 tirailleurs sénégalais sont exécutés. 35 selon les chiffres officiels, dix fois plus selon les historiens. Ce massacre a été commandité par les autorités coloniales françaises contre des soldats tout juste rentrés de , où ils avaient combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, et parce qu’ils réclamaient le paiement de leur solde.

Pour la première fois, jeudi 28 novembre 2024, un chef d’État français, Emmanuel Macron, a reconnu ce qu’il s’était passé il y a 80 ans au camp militaire de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar. Longtemps couvert par la chape de plomb que maintenait la France sur cet évènement, le président a enfin parlé d’un “massacre”. Au Sénégal, le pays commémore ce massacre enfin qualifié, dimanche 1er décembre.

Le gouvernement doit payer la dette de sang que la France doit aux Africains

80 ans après, un mélange de colère et d’incompréhension anime toujours Biram Senghor, un homme pratiquement aveugle et qui marche désormais avec une canne. Son père M’Bap Senghor était parmi les tirailleurs tués à Thiaroye sur ordre des autorités françaises. “Ce sont des ingrats ceux qui ont fait ça. Les tirailleurs sont partis les aider, et quand ils sont revenus, on a refusé de leur payer leurs droits. Ils ont préféré les massacrer pour faire asseoir l’autorité française sur les Africains. C’est inhumain, c’est lâche“, s’indigne Biram Senghor.

Cette lâcheté, suivie d’un silence assourdissant, il ne l’a jamais acceptée. “Je ne voulais pas que la France classe cette histoire, donc en 1972, j’ai écrit au président Léopold Sédar Senghor pour lui demander que la France paie mais il ne m’a pas répondu. En 1982, j’ai écrit au président français François Mitterrand qui m’a répondu qu’il transférait ma lettre au ministère de la Défense. Et le ministère de la Défense m’a dit qu’il faisait en effet des recherches. Depuis lors, il ne m’a pas donné de suite“, témoigne le fils du tirailleur massacré.

Ce fils de tirailleur attend des excuses et des indemnisations

Il y a aussi des avancées comme en 2014 avec la remise d’archives sur l’événement au Sénégal. En juillet dernier, la mention “Mort pour la France” a également été attribuée à six tirailleurs exécutés à Thiaroye, dont M’Bap Senghor. Et il y a surtout la reconnaissance par Emmanuel Macron, jeudi 28 novembre, pour la première fois d’un massacre. Mais l’État français doit aller plus loin, insiste Biram Senghor : “la France sait bien qu’elle doit se repentir, elle doit présenter des excuses aux pays africains”. Elle doit aussi verser des indemnisations selon lui. “Je demande au président Macron de me payer la vie de mon père, une vie que la France m’a ôtée. Le gouvernement doit payer la dette de sang que la France doit aux Africains“, conclut Biram Senghor, qui assistera dimanche aux commémorations officielles, afin de montrer qu’ici personne n’oublie ce que la France a fait le 1er décembre 1944.

Un reportage de Gwendal Lavina, édité par Axel Dubois.

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