Il y a sans doute ces dernières semaines un tournant dans les relations entre la France et les anciennes colonies françaises, les anciens États où elle s’était installée en Afrique. Avec plus récemment le Sénégal qui, le même jour que le Tchad, a demandé le départ des troupes françaises de leur sol. “La France s’est un peu endormie en Afrique”, analyse Antoine Glaser.
“La France n’a pas vu l’Afrique se mondialiser. Elle a vécu une période historique très particulière, depuis l’indépendance, 1960, jusqu’à la chute du mur de Berlin en 89-90. Elle a continué à se croire un peu chez elle en Afrique, avec un système intégré qu’on appelle, pour faire court, la Françafrique. La France pensait qu’elle était désirée, que c’était éternel, et elle s’est trouvée dans un anachronisme historique quand elle a continué à se croire en Afrique chez elle, en particulier dans son pré carré africain. Elle a continué comme si de rien n’était.”
“En fait, l’Afrique change, elle a beaucoup changé depuis deux décennies. Et en face, la France ne change pas”, commente Francis Kpatindé. “Elle renforce même une forme de conservatisme. L’Afrique est très très jeune, sa population est jeune, elle n’a aucune référence par rapport à la France, à l’ancienne puissance coloniale. Mais en France, d’abord, il n’y a plus d’experts : il n’y a plus de gens qui connaissent vraiment l’Afrique. Et surtout, il n’y a plus de gens qui ressentent l’Afrique. Donc on fait des politiques de coup par coup, et la France a toujours un train de retard dans les événements en Afrique.”